ON THE MOVE
C’est un tableau vivant
Qui move
Un cadre de portière
Où défile comme un dictionnaire
Le monde
Un coup le vert
Un coup le sombre
Un coup le vide
Un coup c’est la lune argentière
Qui monte
Vu de là tout est différent
Les villes défilent
Et disparaissent
Rien n’est fait pour durer longtemps
C’est un plan fixe où tout fout l’camp
Les hommes sont au volant
No move
Et les enfants derrière
Les femmes sont des passagères
Qui restent
Les femmes sont au volant
Toutes seules
Il y a comme un abandon
Quand elles vous poussent par la file de droite
À l’ouest
Vu de là tout est provisoire
Les filles scintillent
Et disparaissent
Rien n’est fait pour qu’on puisse y croire
C’est comme un film mais sans l’histoire
Y’a des usines
Et y’a des cuves
Y’a des centrales
Et des réacteurs où l’on étuve
Le monde
Tout s’enchaîne avec minutie
Le montage est si réussi
Que le fil de ce paysage
Dégage une paix
Profonde
Vu de là tout est funambule
Les tôles décollent
Et disparaissent
Rien n’est fait pour briser la bulle
De ce complexe qui déambule
Entre deux bancs
La mer qui s’ouvre
Et puis d’un coup les marinas
Figées dans leur crépuscule
Immonde
Un tunnel
Et le monde est noir
Débitant les néons
Jusqu’à la sortie de cet entonnoir
Qui gronde
Vu de là tout est irréel
Les formes se cognent
Et disparaissent
Rien n’est fait pour qu’on se rappelle
De ces turbines avec des ailes
C’est un tableau vivant
Qui move
Un cadre de portière
Où défile comme un dictionnaire
Le monde